Les 101 aventures de Syrio.

Je vais vous raconter une histoire qui va vous sembler impossible. Impossible que cela se passe, et impossible que le héros de cette histoire parvienne à surmonter cet impossible. Et bien si, il y a de cela 130 ans, quand je n’étais encore que très jeune,…

Un cra d’une vingtaine d’années se promenait dans la milifutaie. Il prenait beaucoup de plaisir à exterminer les monstres qui y résidaient. Lorsqu’il apprit à se servir de sa flèche explosive, il ne tua plus les monstres par deux ou trois mais bien par dizaine. Les dieux finirent par s’inquiéter pour l’écosystème de la forêt. Un jour, ils se réunirent et décidèrent de la sanction. Ce fut Cra qui alla lui annoncer.
Syrio, c’était le nom du cra, dormait encore profondément. Au milieu de ses songes, Cra intervint. L’interruption de la déesse dans les rêves de Syrio paraissait beaucoup plus réelle que son rêve dans lequel il dansait avec un champ champ.

« - Syrio ! Tu as déshonoré ton Dieu ! Tu dois en payer le châtiment ! Tu devras réaliser 100 aventures. Ne les cherche pas, ce sont elles qui viendront à toi. Elles seront dangereuses et mettront ta vie en danger, comme la vie des milimulous lorsque tu désires les exterminer. Lorsque tu auras accompli les 100 aventures, alors, je te confierais une 101ème mission. Si tu t’acquitte de ces travaux, tu seras honoré et pardonné. Dans le cas contraire, tu iras rejoindre les truands de ton espèce sous terre. »

Lorsqu’il se réveilla le matin suivant, Syrio crut à un rêve. Il ne tarda pas à être contredit.
Alors qu’il tuait, plus timidement que la veille, une horde de milimulous, un paysan accourut :

« -Monsieur, monsieur, mon bétail a été volé ! Oh monsieur aidez moi je vous en supplie ! Je pense que ce sont les disciples de Rushu qui l’ont volé pour faire des sacrifices ! »

Syrio ne savait pas pourquoi, mais il eu le pressentiment que Cra avait dit vrai, il était sanctionné et devrait accomplir 101 tâches pour se faire pardonner.

Le cra accomplit beaucoup de tâches, sans omettre des les compter. Il frôla la mort plusieurs fois et y fut confronté souvent. Cependant, ni les brigands, ni les chafers, ni les autres créatures dangereuses ne parvinrent à le faire démordre de son objectif.

Syrio était épuisé, il n’avait jamais le temps de se reposer. A chaque fois qu’il parvenait au dénouement d’une quête, il était à nouveau solicité. Et la seule fois où il refusa une aventure, le lendemain, un encore plus terrible s’opposait à lui.



Des années passèrent. Cinq exactement. Syrio vit enfin le bout de ses missions. Lorsqu’il terrassa d’un coup de dague un dopeul qui s’était échappé de son village et qui semait la terreur en amakna, une lumière divine l’entoura. Ses pieds perdirent le contact du sol mais il n’avait pas l’impression de voler, juste de flotter. Le cra ne fut jamais capable de raconter combien de temps cet état dura. Juste que ça lui parût insupportablement interminable. Lorsque la lumière se dissipa, les 12 se tenaient devant lui. Syrio retenait son souffle.

Cra prit la parole :

« - Je te félicite mon disciple. Tu étais donc à la hauteur de mes espérances. Mais comme tu le sais, il te reste encore une mission à accomplir. La plus terrible, la plus dangereuse. »

Les traits de Syrio se convulsèrent. Son visage était marqué par des cicatrices et des bleus qui n’étaient pas encore guéris. Ses cheveux blonds étaient mal coupés, mal coiffés, ils allaient au rythme que les épées ennemies avaient tracé dedans. Sa lèvre inférieure était gonflée et sanglante. Son œil droit était encore cerné de noir. Ses habits déchirés s’accordaient parfaitement avec l’image que donnait Syrio : un guerrier harassé par les multiples épreuves qu’il avait subi. Sa cape était tellement déchirée à son extrémité qu’elle ne balayait plus le sol. La semelle de sa botte gauche était soumise à rude épreuve et sa chemise était pourvue d’une longue entaille par laquelle on apercevait une éraflure sanguinolente sur un torse musclé.
Syrio avait hâte d’en découdre, il était prêt. Il n’en pouvait plus de se battre sans voir la fin de son travail. Là ça y était, c’était presque terminé.

« - Un peuple évolue clandestinement sous les terres amaknéennes. Ta tâche est simple à comprendre mais moins à accomplir. Tu dois éradiquer ces personnes qui n’ont pour unique objectif que d’envahir notre monde et en reverser l’équilibre. Va ! Reviens quand tu auras réussi ou ne reviens pas. »

Syrio était désespéré lorsqu’il atterrit sur terre par le même moyen de transport que pour l’ascension vers les Dieux. Il regarda sa statue de classe, car c’est là qu’il était atterrit.
Comment pouvait-il affronter à lui tout seul une armée de guerriers n’ayant pour unique ambition que de terrasser le monde des douze et faire régner le chaos ? C’était impossible, invraisemblable. Il avait besoin d’aide.

Cette aide, il espéra la trouver dans les deux cités ennemies l’une de l’autre.
Les bontariens eurent la gentillesse de ne faire que l’expulser de la ville. Les brakmariens furent moins cléments. Ils firent enfermer Syrio dans un cachot en attente d’exécution sur la place publique.

Syrio regardait par la fenêtre de la prison, munie de barreaux noirs espacés de trois centimètres. Une larme coula le long de sa joue. C’était perdu, simplement parce qu’il était cruel envers les animaux de la forêt… Soudain, une flèche brûlant d’une flamme bleue le frôla de peu, dessinant une brûlure sur son visage déjà blessé. Syrio fit volte face. Il s’approcha de la flèche pour l’examiner. Elle se désintégra lorsqu’il la toucha. Syrio rapporta son attention à l’endroit où la flèche s’était plantée. Alors qu’il effleurait la brique de ses doigts sales, une brèche s’ouvrit dans le mur. Un tunnel munit d’escaliers s’offrit à lui. Le cra pénétra dans l’ouverture. A peine était-il entré que le mur se referma derrière lui, le plongeant dans la pénombre. Soudain, des torches s’allumèrent par magie sur les murs. Syrio avança, il crût descendre comme ça pendant de longues heures.

A la fin de l’escalier, un vieux sadida l’accueillit.

Syrio comprit vite qu’il était tombé précisément sur le peuple souterrain qu’il devait éradiquer. Les prisonniers qui découvraient le passage dans les prisons de bonta et de brakmar descendaient ces escaliers et rejoignaient l’armée. Le but était de former un peuple si puissant qu’il renverserait bonta, brakmar et les forces du roi Allister.

Le cra comprit vite que le meilleur moyen de perdre ce peuple était de l’intégrer. Aussi, il s’entraîna avec ces personnes qu’il faisait semblant d’apprécier. Il finit par enseigner aux nouveaux les techniques de combat. Il attendit la révolution pendant un an. Au bout de cette année, il était devenu général de guerre. Le roi du peuple souterrain convoqua tout le monde dans une salle immense. A l’extrémité de cette salle, une estrade. Sur cette estrade, un petit podium où le roi prendrait la parole. Les généraux se tenaient de part et d’autre du roi.

« - Mes amis ! Il est l’heure de se révolter ! Le Manège d’Allister et des deux cités a assez duré ! Demain, à l’aube, nous attaqueront Allister, puis brakmar et enfin bonta, nous seront les maîtres du monde ! »

S’en suivit une salve d’applaudissements auxquels se joignit Syrio à contre cœur.
Après que le roi les a harangué, Syrio se dissimula des yeux indiscrets et passa par une sortie secrète. Il alla prévenir Allister que demain, à l’aube, des forces inconnues allaient l’attaquer. Le Roi d’amakna le prit d’abord pour un fou. Mais Syrio fut tellement convainquant qu’Allister accepta de solliciter l’aide de Bonta et de Brakmar pour attaquer cette nuit, à l’endroit que leur indiqua Syrio.

A minuit, alors que les troupes souterraines ne s’attendaient à rien, les troupes d’amakna, de brakmar et de bonta approchèrent discrètement. Syrio avait été impératif sur ce point. Il ne fallait pas se faire repérer. L’armée était divisée en 2 : une partie passerait par le passage secret de la prison de bonta et une partie par celui de la prison de brakmar.

Deux heures plus tard, la bataille fit rage et dura pendant près d’un mois. Il y eut des pertes de tous côtés. En fait, l’armée souterraine avait réuni tellement de personnes pendant ces 20 dernières années qu’elle était presque supérieure aux trois principales forces du monde des 12.
Si Syrio n’avait pas prévenu Allister, ce serait la fin d’amakna.
Le cra s’inquiétait. Le peuple souterrain semblait avoir l’avantage. Il fallait faire quelque chose, réagir. Soudain, il eût une idée. Le roi du peuple souterrain n’était pas présent à la bataille. Il devait se cacher dans la salle spéciale dont seuls les généraux et lui avaient connaissance. Mais y arriver ne serait pas chose aisée.

Syrio mit toute sa hargne à progresser parmi les troupes ennemies. Il tuait, assommait effrayait. Il poussait des cris d’encouragement pour donner du courage à ses alliés. A chaque fois qu’un bontarien, un brakmarien ou un amaknéen tombait, Syrio essayait de tuer un guerrier du peuple souterrain. Il déploya toute sa colère, tout son courage, oubliant la peur de mourir et ne cherchant qu’à atteindre le roi, faire échec et mat était la clef de la victoire.

Ca y était, il poussa sur une pierre dans un mur et un passage secret s’ouvrit.

« - Ah, mon bon Syrio, dit le roi, comment avance la bataille ? »


Syrio referma la porte.

« - Tout est perdu mon roi. » Dit-il en dégainant sa dague sous le regard incrédule de l’autre individu. « C’est votre fin, vous avez échoué » rajouta-t-il.

Le roi ne se laissa pas faire. Il dégaina son épée et lança un assaut fulgurant auquel Syrio ne s’attendait pas. Il esquiva de justesse et planta sa dague dans l’épaule de l’homme. Mais sa souveraineté se redressa de tout son long en rugissant. La dague de Syrio était restée coincée dans l’épaule du roi. Le jeune cra se saisit alors de son arc et de quelques flèches. Il lui en restait 3. Il tira la première. Raté. Il tiré la deuxième, encore raté. Syrio était paniqué. Puis il réfléchit. Si le roi voyait qu’il visait à coté de lui, il n’essayerait pas d’esquiver. Syrio visa la dague qui était plantée dans l’épaule de son ennemi, lequel ricana et se jeta sur le cra. Celui-ci roula sur le coté et parvint difficilement à extraire son couteau de l’épaule imposant, il le dissimula dans sa manche. Il attendait l’assaut de son assaillant, son regard plongé dans les yeux ébène du monarque. L’attaque fût rapide, imprévisible, Syrio ne put l’esquiver que par l’enseignement que lui avait fournit le peuple souterrain. Tandis qu’il se jetait sur le coté, il envoya sa dague vers le visage de son adversaire. Le couteau s’enfonça dans la tempe. Lorsque le défunt s’écroula au sol, son visage était encore marqué par la surprise. A l’aide de l’épée du vaincu, Syrio lui coupa le tête et sortit le la pièce. Partout où il passait, brandissant le crâne du chef mort au combat, les violences cessèrent. Syrio entra dans la grande salle où le roi avait tenu son discours. Il grimpa sur l’estrade puis sur le petit podium.

« - VOUS AVEZ PERDU ! »

Le peuple souterrain déposa les armes et se prosternèrent devant les vainqueurs. Syrio jeta la tête du vaincu puis fut à nouveau englobé de la lumière divine.

« - Je te félicite mon disciple, je t’autorise à regagner ta maison en amakna. Maintenant, respecte la nature, et les Dieux te respecteront.


Fin.