Des bonbons ou un sort !

Les contes d’Hallouine de Treketan.

Un vieil énutrof, assis dans son confortable fauteuil devant l’âtre du feu ouvert, racontait une poésie à des petits bambins. C’était la nuit d’Hallouine et le vieux tenait absolument à raconter ce petit poème aux enfants avant de leur donner des bonbons.

« Trois petites citwouilles étaient dans la rue.

La première dit : - oh ! Il se fait tard.

La deuxième dit : - Il y a des sowcières dans les airs !

La troisième dit : - Je n’en n’ai rien à faire ! »

Alors, l’énutrof donnait un panier de bonbons aux enfants qui s’en allaient joyeusement.
Cet énutrof s’appelait Riolèh. On pourrait croire qu’il ne récitait cette poésie que pour amuser les petits enfants, mais la vérité c’est qu’il était atteint d’une étrange malédicion.

En fait, il était très égoïste et sachant cela, les enfants évitaient sa maison la nuit d’Hallouine. Tout le monde savait que le vieux Riolèh ne partagerais même pas une miche de pain, il ne fallait pas s’attendre à recevoir des friandises.

Cependant, un jour, une tête brûlée vint frapper à la porte du vieillard. Celui-ci, comme il fallait s’y attendre, claqua la porte au nez de l’enfant. Celui-ci alla frapper à d’autres portes, boudant contre le vieil égoïste.

Le lendemain, le poème des trois citwouilles résonna aux oreilles de Riolèh. De plus en plus fort, de plus en plus rapidement et ce pendant toute la journée.
Les jours suivants furent pareils, et les suivants, et les semaines qui suivirent. Le vieillard n’en pouvait plus, il avait l’impression que sa tête allait exploser à force d’entendre ce poème pour enfants. Il en était malade, les mots qui raisonnaient dans sa tête étaient toujours les mêmes. Il le prenait aux tripes. Riolèh refusait de manger, de boire à part une bouchée de pain et un verre d’eau 3 fois par jour. Il eût beau appelé le médecin, rien n’y fit.
Il crût qu’il allait devenir fou, complètement fou.

Dans sa folie, il se rappela de la tête triste du petit garçon qui lui avait demandé des bonbons. Riolèh se surpris lui-même à s’en émouvoir. Il mit ça sur le compte de la folie.
Mais jours après jours, tandis que le poème résonnait encore et toujours dans sa tête, il éprouvait de plus de plus de regret envers le petit garçon. Il versa même des larmes. Il finit par sombrer dans une profonde dépression.
Au bout de deux mois, il fut pris d’une terreur incommensurable. Sa peau virait à l’orange et ses cheveux au vert. Sa bouche prit une forme bizarre, une ligne qui montait puis qui descendait, qui montait et qui descendait encore,… Son cœur failli s’arrêter de battre lorsqu’il comprit : c’était la malédiction d’Hallouine, il allait se changer en citwouille ! Riolèh se rua en dehors de sa maison. Il courut aussi vite qu’il le pouvait chez le boulanger, c'est-à-dire pas très vite... En fait très lentement.
Reprennent son souffle et malgré la mine effrayée du boulanger, il acheta un panier complet de friandises à base de gelée. Les plus chères.

Ensuite, il se rendit chez le petit garçon et déposa le panier sur le pas de la porte.

Sur ce panier, un petit message :

« Je suis vraiment désolé.
Riolèh »

Lorsque le petit garçon posa ses yeux émerveillés sur le panier de friandises, le poème diminua d’intensité dans la tête du vieillard, puis la voix effrayante d’Hallouine résonna dans sa tête :

« NE RECOMMENCE PLUS JAMAIS ! »

Depuis ce jour, le vieillard racontait le petit poème qu’il avait si souvent entendu au court de ses mois de souffrances puis donnait un petit panier bien fourni en friandises de toutes sortes.

Fin.