La nuit était calme, personne ne pouvait prévoir les évènements terribles qui allaient se dérouler.
C’était la nuit d’Halouine et un osamodas marchait sur la plage des calanques d’Astrub. Comme tous les soirs, Ros avait l’habitude de se promener sur cette plage. Aucune nuit, qu’il fasse chaud ou froid, qu’il y ait fête au village ou pas, il ne dérogeait à cette règle. C’était son rituel, son signe particulier qui lui permettait d’évacuer tous ses soucis.
Mais il le sentait, ce n’était pas une nuit comme les autres. Le bruissement des vagues s’abattant sur la plage lui semblait plus distant. Il n’y avait aucun pichon qui se promenait sur le sable fin profitant de l’absence des jeunes aventuriers. Les étoiles de la mer d’asse étaient anormalement absentes.
Ros continua à marcher pendant un certain temps, toujours labouré par ce terrible pressentiment. Quelqu’un allait mourir.
Soudain, il fut pris de panique. Il courut aussi vite que possible vers Astrub. Ses bottes martelaient la terre tandis qu’il transpirait comme un chef de guerre bouftou. Il haletait tandis qu’il passait la porte du village. Il se dépêcha de gagner sa maison, alors qu’un cri strident confirma ses pires craintes : c’était le cri de sa mère.
Il se passa alors le même scénario qu’à Hallouine passé. Lorsqu’il était revenu des calanques d’Astrub en entendant le cri rude de son père. Alors, comme aujourd’hui, il vit une vague forme noire sortir de sa maison, à dix centimètres du sol et s’éloigner, sans qu’il n’ait rien pu faire. Il sentit les larmes qui sortaient de ses yeux et qui coulaient le long de sa joue.
Maudissant Hallouine, il rentra dans sa maison et vit le corps de sa mère étendu au sol, les bras en croix. Du sang s’écoulait lentement d’un petit trou percé en plein milieu du front.
Ros pleurait à chaudes larmes maintenant. Il n’en pouvait plus, c’était une véritable malédiction qui s’abattait sur sa famille.
Prit d’une fureur soudaine, il sortit de sa maison à toute vitesse et courut dans la direction de la forme noire qui en était sortit. Il ne ressentait plus aucune fatigue, seule la colère et la tristesse guidaient ses gestes. Il courait, courait, courait sans s’arrêter, il ne s’arrêterait pas tant que sa famille ne serait pas vengée.
Ce fils du diable l’avait rendu orphelin, ce qu’il avait toujours redouté. Il distinguait à présent l’assassin. Il le rattrapait, courait de plus en plus vite. Enfin, il l’attrapa par l’épaule, le retourna et …
…Et il se réveilla.
Il suait de partout, son cœur battait à tout rompre.
L’osamodas se redressa dans son lit, les couvertures glissant sur son corps.
Ros se leva et marcha dans sa demeure jusqu’à la chambre de sa mère et en entrouvrit la porte. Le corps de la femme d’âge moyen vibrait au rythme de sa respiration régulière.
C’était pour la nuit prochaine, et il s’était bien gardé de mettre sa mère au courant.
Ros s’était décidé à ne pas laisser son unique parent encore vivant mourir. Aussi, la nuit suivante il ne se promena pas dans les calanques.
Il attendait devant la porte de la chambre de sa mère. Il attendait quelque chose, un bruit, un signe, pour savoir quand il devrait se battre de tout son corps, de toute son âme pour l’amour de sa génitrice. Des heures passèrent, et des bourrasques de vent soufflaient au dehors, faisant vibrer les fenêtres et la porte.